Coup d’Etat au Niger : Mais que reproche Niamey à la France ?

Estimated read time 4 min read

Autrefois alliée du Niger, la France est désormais persona non grata dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où les militaires, qui ont pris le pouvoir, multiplient les déclarations agressives à l’encontre de Paris

Accusations – Autrefois alliée du Niger, la France est désormais persona non grata dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où les militaires, qui ont pris le pouvoir, multiplient les déclarations agressives à l’encontre de Paris

Depuis le putsch qui a renversé le président légitime du Niger, Mohamed Bazoum, et propulsé des militaires à la tête du pays, les relations entre Niamey et Paris se dégradent. Autrefois alliée du Niger, la France est désormais persona non grata dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Les putschistes ne cessent d’adresser des reproches à l’Hexagone. Mais de quoi tiennent-ils la France responsable exactement ? 20 Minutes fait le point pour vous.

« A bas la France ! »

Dimanche, alors que s’organisait une démonstration de force des partisans du coup d’Etat au Niger, la France a été particulièrement prise pour cible. La foule lançait des « A bas la France, à bas la Cedeao ! », la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest qui a menacé d’intervenir militairement. Paris a affirmé appuyer « avec fermeté et détermination » les efforts de la Cedeao, estimant qu’il en allait « de l’avenir du Niger et de la stabilité de toute la région ». Une position qui n’a pas apaisé les tensions grandissantes entre les putschistes et l’Hexagone.

Dimanche, le général Mohamed Toumba, numéro trois du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, qui a pris le pouvoir), a pris la parole devant la foule. Il a dénoncé ceux « qui sont tapis dans l’ombre » et qui « sont en train de manigancer la subversion » contre « la marche en avant du Niger ». « Nous sommes au courant de leur plan machiavélique », a-t-il prévenu.

Libération de terroristes

Dans un communiqué, le CNSP accuse Paris d’avoir « d’une façon unilatérale libéré des terroristes prisonniers », le mot « terroriste » désignant des djihadistes armés. Après leur libération, ces djihadistes ont participé à « une réunion de planification » d’une attaque « de positions militaires dans la zone des trois frontières » entre Niger, Burkina Faso et Mali, dans l’ouest nigérien, ajoute le CNSP.

« Aucun terroriste n’a été libéré par les forces françaises qui luttent contre ce fléau depuis de nombreuses années au Sahel au péril de la vie de leurs soldats », a répondu Paris mercredi soir, dans un communiqué conjoint du ministère des Affaires étrangères et du ministère des Armées. Ils rappellent que les 1.500 militaires français positionnés au Niger « le sont à la demande des autorités nigériennes légitimes, pour lutter contre les groupes terroristes qui déstabilisent la région et martyrisent les populations dans le Sahel ». Dans un entretien à l’AFP samedi, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a estimé que le « putsch vient fragiliser cette lutte contre le terrorisme dans une zone sahélienne où les groupes terroristes armés connaissent un regain d’activité ».

Violation de l’espace aérien

Les putschistes ont accusé Paris d’avoir violé leur espace aérien, mercredi. Les « forces françaises ont fait décoller » mercredi de N’Djamena, au Tchad, « un avion militaire » à « 6h01 locales », indique un communiqué du CNSP. « Cet aéronef a volontairement coupé tout contact avec le contrôle aérien à l’entrée de notre espace de 6h39 à 11h15 locales », fustigent les militaires au pouvoir.

« La France dément fermement les nouvelles accusations infondées des putschistes au Niger », a répondu Paris dans un communiqué conjoint du ministère des Affaires étrangères et du ministère des Armées. « Le mouvement aérien réalisé ce jour au Niger a fait l’objet d’un accord préalable et d’une coordination technique avec les forces nigériennes, autorisation confirmée par écrit », soulignent-ils.

Bisbilles diplomatiques

La mésentente entre Paris et Niamey investit aussi le terrain diplomatique. Jeudi dernier, le régime militaire a annoncé mettre « fin » aux fonctions d’ambassadeur du Niger en France. Aïchatou Boulama Kané occupe toujours son poste en dépit de la décision des auteurs du coup d’Etat. La notification des putschistes « de mettre fin à [mes] fonctions, je la considère comme nulle et non avenue, elle a été prise par un pouvoir illégitime, je suis l’ambassadrice du Niger en France », avait dit la diplomate, en poste à Paris depuis juillet 2022.

You May Also Like

More From Author