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AP- Cela fait deux ans que, pandémie oblige, Xi Jinping n’avait pas reçu d’homologue en visite d’État à Pékin. En 2014, le président chinois s’était rendu à l’ouverture des Jeux olympiques de Sotchi. Vendredi, Vladimir Poutine lui a rendu la politesse en assistant au coup d’envoi des JO d’hiver de Pékin. Mais, en huit ans, les tensions internationales se sont considérablement renforcées, incitant les deux dirigeants – qui se sont déjà rencontrés à trente reprises – à serrer davantage les rangs face à l’adversaire commun, l’Occident, incarné en premier lieu par les États-Unis. La «séquence», comme disent les diplomates, s’inscrit dans un contexte très dégradé: la guerre menace toujours en Ukraine tandis qu’à l’Est, en Asie-Pacifique, les menaces d’une conflagration autour de Taïwan sont latentes et persistantes. Avec, vu de Moscou comme de Pékin, un fauteur de troubles commun, les États-Unis et leurs alliances, l’Otan et Aukus, acronyme désignant l’union face à la Chine des Australiens, des Britanniques et des Américains.

La déclaration politique cosignée vendredi par Vladimir Poutine et Xi Jinping traduit ce double antagonisme partagé par les deux grands voisins, russe et chinois. Le texte reprend en partie les thématiques rédigées par Moscou, sous la forme de deux traités transmis en décembre à Washington et à l’Otan pour exiger des «garanties écrites» de sécurité. Le document décalque également ces préoccupations du point de vue de la Chine en dénonçant, par exemple, «l’influence négative pour la paix et la stabilité de la stratégie indo-pacifique des États-Unis». C’est rien moins qu’une «nouvelle ère» pour les relations internationales que les deux dirigeants prétendent ouvrir avec une déclaration très politique dont le fil rouge est de stigmatiser le rôle «déstabilisateur» des États-Unis pour la «stabilité et une paix équitable» dans le monde. Des accusations portées tant à l’Est, on l’a vu, qu’à l’Ouest, Moscou et Pékin se disant en chœur «opposés à tout élargissement futur de l’Otan», écho à l’exigence principale de Moscou concernant l’Ukraine. Autre concept, maintes fois évoqué ces jours derniers par la Russie et endossé par la Chine, l’idée d’une «indivisibilité de la sécurité», celle-ci ne pouvant se faire aux dépens d’autres nations, ce qui, de ce point de vue, limiterait la capacité de l’Ukraine à choisir ses alliances – comme le souhaitent les pays occidentaux.