Cyril Ramaphosa a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille, notamment au sein de l’ANC. Mais le chef d’Etat a du mal a asseoir son autorité au sein du parti, pris dans une guerre de factions.
Ce dernier rebondissement dans les péripéties judiciaires de M. Zuma prouve que « lorsqu’on a des connections politiques, la prison n’est pas un endroit pour vous », estime Mmusi Maimane, du groupe de pression One South Africa.
Partis et groupes d’opposition réclament que les autorités dévoilent publiquement les étapes du processus ayant abouti à cette libération conditionnelle.
Les circonstances dans lesquelles cette décision a été prise « sont non seulement profondément suspectes, mais ne sont pas conformes à la procédure prévue par la loi », a estimé la fondation De Klerk dans un communiqué.
Selon une source pénitentiaire, la décision est fondée sur des avis médicaux attestant que la santé de M. Zuma « nécessite une grande attention ».
Pour le groupe d’opposition ActionSA, c’est plutôt le fait d’un « système pénal qui traite les plus puissants avec des gants et leur permet d’échapper à la justice ».
Le procès pour corruption de M. Zuma doit reprendre jeudi. « Il ne serait pas étonnant que cette libération conditionnelle pour raisons médicales soit maintenant un prétexte pour dire qu’il n’est pas apte à être jugé », estime M. Naidoo.
Dans cette affaire vieille de 20 ans, l’ancien président est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin du géant de l’armement français Thalès, inculpé de son côté de corruption et blanchiment d’argent. Il doit répondre de 16 chefs d’accusation de fraude, corruption et racket.
L’incarcération de M. Zuma avait déclenché une vague sans précédent de violences en Afrique du Sud. Cyril Ramaphosa avait dénoncé une tentative orchestrée pour déstabiliser le pays.