Le président de la République avait accusé le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » en servant à son peuple une « histoire officielle » qui « ne s’appuie pas sur des vérités ». En réaction, Alger avait décidé le rappel « immédiat » de son ambassadeur à Paris, Mohamed Antar-Daoud, et, comme autre mesure de rétorsion, avait interdit, dans la foulée, le survol de son territoire aux avions militaires français de l’opération antijihadiste Barkhane au Sahel. Le retour de l’ambassadeur algérien « est conditionné au respect de l’Algérie, le respect total de l’Etat algérien », a fait savoir Abdelmadjid Tebboune.
Interrogé pour savoir si la fermeture de l’espace aérien aux appareils militaires était « définitive« , le président algérien a expliqué que « dans les relations diplomatiques, il n’y a rien d’irréversible ». Mais « actuellement, nous sommes agressés dans notre chair, notre histoire, dans nos martyrs, nous nous défendons comme nous pouvons », a-t-il dit. Pour « le reste, il s’agit de leurs affaires internes », a-t-il encore dit dans une allusion à de possibles visées électoralistes des propos critiques d’Emmanuel Macron.
« La France doit oublier que l’Algérie a été un jour une colonie française »
D’après Le Monde, le président français a également affirmé que « la construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question. » Ce passage est l’un de ceux qui ont le plus heurté l’opinion publique algérienne.
« La France doit oublier que l’Algérie a été un jour une colonie française », a déclaré le président algérien. Abdelmadjid Tebboune a par ailleurs rappelé qu’Alger ne réclame « pas de la repentance » mais une « reconnaissance » des crimes perpétrés en 130 ans de colonisation française. « L’Algérie, c’est 5,630 millions » de victimes, a-t-il affirmé, soulignant que « l’histoire ne fonctionne pas selon les caprices et selon les circonstances ».
Mardi, le président Macron a assuré souhaiter un « apaisement » sur le sujet mémoriel entre la France et l’Algérie, appelant à « cheminer ensemble » et à « reconnaître toutes les mémoires ».