AP- C’était écrit depuis plusieurs mois. La succession des coups d’Etat dans la région du Sahel et la montée du sentiment anti-français ont fini par rendre intenable le maintien de la force Barkhane au Mali. Envoyés dès 2013 pour répondre à l’appel d’un Etat malien pris à la gorge par les jihadistes, les militaires français ne sont pas parvenus à bâtir avec les cinq pays de la sous-région, ni avec les partenaires européens, une unité assez forte pour s’imposer localement. Encore moins venir à bout des jihadistes qui n’ont cessé, malgré les coups portés contre leurs chefs, de renaître de leurs cendres et même de se démultiplier en divers groupes plus ou moins ennemis, jusqu’à cerner la zone sur plusieurs fronts.
Deux poids-deux mesures
Comment expliquer une telle déconfiture ? A quel moment et pour quelles raisons une force militaire de protection se transforme-t-elle soudain, dans l’imaginaire local, en force d’occupation ? Nous avons essayé de retracer le fil des événements, depuis ce jour de janvier 2020 où Emmanuel Macron convoque littéralement à Pau les présidents des pays du G5 Sahel, sans réaliser à quel point la procédure est humiliante, jusqu’à ce deux poids-deux mesures jugé révoltant par les Maliens qui a vu Paris adouber le fils d’Idriss Déby, arrivé dans des conditions peu démocratiques à la tête du Tchad tout en refusant la prise du pouvoir par les armes au Mali.
Bref, entre faux pas diplomatiques, sentiment conscient ou inconscient de toute-puissance sur le terrain et déconnexion croissante avec la population civile, les Français ont fini par perdre de leur superbe dans la région, sans compter que leurs ennemis n’ont pas mégoté sur les tentatives de désinformation. Il n’y a plus d’autre choix que de réduire la voilure avant que la situation n’empire encore. Dans quelles proportions ? C’est tout l’objet des discussions en cours. Il ne faudrait pas donner l’impression d’une débandade, d’autant que les mercenaires russes de Wagner sont en embuscade.