0 3 minutes 2 mois

AP- Des étudiants de Dakar cherchent à populariser les récits de ces hommes qui ont versé leur sang pour la France lors des deux conflits mondiaux ou des guerres d’Indochine et d’Algérie.

Chaque jour, elle porte sur elle un bout d’histoire partagée entre la France et le Sénégal. Dans son portefeuille, Aby Tine, 32 ans, a glissé un morceau de papier froissé et décoloré par le temps : la carte de combattant d’un certain Malal Faye, un tirailleur sénégalais de la seconde guerre mondiale (1939-1945). Le document militaire de ce soldat, loin d’être un inconnu, a donné du sens à sa vie. « Cet homme sur la photo est mon grand-père [1917-2003]. Je suis en mission pour honorer sa mémoire », lance-t-elle, émue en regardant cette archive comme si c’était la toute première fois.

Cette « mission » l’a amenée à suivre des études d’histoire au sein de la faculté de lettres et sciences humaines de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) à Dakar. « J’ai la curiosité de tout vouloir découvrir parce que tout n’a pas été découvert », assure-t-elle. Aujourd’hui, la jeune femme est en première année de thèse et pour son doctorat, elle a choisi comme sujet : « Les controverses sur les statistiques autour des tirailleurs sénégalais. »

Assise sur un banc en pierre à deux pas de l’entrée de sa fac, la doctorante explique vouloir comprendre pourquoi, par exemple, le nombre des soldats africains enrôlés – ou tombés – dans les différentes guerres diffère selon les sources. « Je ne dis pas qu’il est faux, mais il n’est pas le même d’un livre ou d’une archive à l’autre. Je veux trouver les chiffres exacts, assure-t-elle. Ce travail me pousse à me demander si on n’a pas essayé de camoufler l’histoire. »