
Joe Biden a confirmé la mort d’Abou Ibrahim al-Hashimi al-Qurayshi, chef de l’EI, au cours d’une opération terroriste menée dans le nord-ouest de la Syrie.
© Anadolu Agency via AFP Une vue aérienne des épaves autour du site après une opération menée par les forces américaines avec le soutien d’un avion de chasse F-16 et d’un hélicoptère, le 03 février 2022 à Idlib, en Syrie.
Dans un court message, Joe Biden a confirmé, jeudi matin, la mort du « calife » du groupe Etat islamique : « Hier soir, sous ma direction, les forces militaires américaines ont mené avec succès une opération antiterroriste. Grâce à la bravoure de nos forces armées, nous avons éliminé du champ de bataille Abou Ibrahim al-Hashimi al-Qurayshi. » L’opération s’est déroulée dans le nord-ouest de la Syrie. Il s’agit du plus grand raid américain dans le pays depuis l’opération de 2019 qui a tué le chef de l’Etat islamique Abou Bakr al-Baghdadi. Le président américain a assuré que les forces américaines avaient « éliminé une menace terroriste majeure ». Il en a profité pour envoyer un message aux leaders de groupes terroristes dans le monde : « Nous sommes à vos trousses. »
Le chef du groupe Etat islamique Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, mort lors d’une opération américaine en Syrie, s’est fait exploser « dans un ultime geste de couardise », a dit le président Joe Biden, qui a affirmé avoir privilégié une opération commando pour éviter des victimes civiles. Selon un responsable de la Maison-Blanche, la cible terroriste a fait exploser une bombe qui l’a tué ainsi que des membres de sa propre famille dont des femmes et des enfants », a-t-il indiqué, faisant savoir que l’évaluation du bilan précis de l’opération était encore en cours. « Dans un ultime geste désespéré de couardise, et sans égard pour la vie de sa propre famille ou d’autres personnes dans l’immeuble, il a choisi de se faire exploser, pas seulement la ceinture (d’explosifs), mais de faire sauter ce troisième étage », a poursuivi Joe Biden.
Il a ajouté : « Plutôt que de faire face à la justice pour les crimes qu’il a commis, emportant plusieurs membres de sa famille avec lui, comme l’avait fait son prédécesseur. » Au moins 13 personnes ont été tuées dans des affrontements qui ont eu lieu pendant et après le raid – dont six enfants et quatre femmes – selon le groupe de défense civile syrienne, les Casques blancs. Il n’y a pas eu de victimes américaines, selon le Pentagone. Surnommé « le professeur » ou le « destructeur », Amir Mohammed Saïd Abdel Rahman al-Mawla, djihadiste aux multiples alias présenté par le groupe djihadiste comme « l’émir » Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, a notamment présidé au massacre de la minorité kurdophone des Yézidis.
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Le secrétaire de presse, John Kirby, a déclaré mercredi soir dans un communiqué que la mission était menée par le Commandement central américain, qui contrôle les opérations et les activités militaires au Moyen-Orient. « Plus d’informations seront fournies dès qu’elles seront disponibles », indique le communiqué. D’après l’OSDH, les militaires ont atterri en hélicoptère près de camps de déplacés de la localité d’Atmé et des affrontements ont ensuite éclaté. Selon des correspondants de l’AFP sur place, l’opération a visé un bâtiment de deux étages dans une zone entourée d’arbres. Une partie du bâtiment a été détruite et le parterre des pièces était couvert de sang. Des habitants ont indiqué à l’AFP avoir entendu le bruit des hélicoptères, puis des « explosions ».
Une opération menée avec les Forces démocratiques syriennes
Selon l’OSDH, les hélicoptères américains ont décollé d’une base militaire dans la ville syrienne de Kobani à majorité kurde, près de la frontière turque. Des membres des forces spéciales des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et formées par les Etats-Unis, ont participé à l’opération, d’après l’ONG. Avant l’annonce américaine, Farhad Shami, le porte-parole des FDS, a déclaré sur Twitter que l’opération « visait les terroristes internationaux les plus dangereux ». Dans un enregistrement audio attribué aux forces américaines et ayant circulé parmi la population, une personne parlant en arabe demande aux femmes et aux enfants d’évacuer les maisons dans la zone visée.
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Selon des experts, des camps de déplacés surpeuplés de la région d’Atmé, située dans le nord de la province d’Idleb, servent de base aux chefs djihadistes qui s’y cachent. Une grande partie de la province d’Idleb ainsi que des secteurs des provinces voisines de Hama, d’Alep et de Lattaquié sont dominés par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda. Des groupes rebelles et d’autres factions djihadistes comme Houras al-Din y sont également présents. Ces factions ont déjà été la cible principalement de raids aériens du régime syrien, de son allié russe, mais aussi de la coalition internationale anti-djihadistes dirigée par les Etats-Unis et des forces spéciales américaines. Néanmoins, les opérations héliportées restent très rares en Syrie, où des troupes américaines sont déployées dans le cadre de la coalition anti-djihadistes.
L’opération de jeudi est intervenue quelques jours après la fin d’un assaut de l’EI contre une prison tenue par les FDS, dans la région de Hassaké (nord-est). Cet assaut fut la plus importante offensive du groupe djihadiste depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019 face aux FDS aidées par la coalition internationale. L’attaque de la prison et les combats ayant suivi, ont fait 373 morts, dont 268 djihadistes, 98 membres des forces kurdes et sept civils selon l’OSDH. L’EI, rival d’Al-Qaïda, a été chassé de ses fiefs en Syrie et en Irak, mais continue de mener des attaques dans ces deux pays voisins à travers des cellules dormantes. La guerre complexe en Syrie, pays morcelé où interviennent différents protagonistes, a fait environ 500.000 morts depuis 2011.