
AP- D’un équipement de confort, la climatisation est en passe de devenir indispensable dans de plus en plus de régions du monde. Pourtant, son utilisation joue un rôle non négligeable dans le réchauffement climatique.
Un record en appelle un autre. Au Maroc, le mercure a frôlé les 50 °C samedi 10 juillet, certaines régions enregistrant des « records absolus » de températures. Le même jour, le pays franchissait des records de consommation électrique. Quinze jours plus tôt, le même scénario* se produisait en Colombie-Britannique, au Canada. Le point commun entre ces deux informations ? La climatisation.
Consommateurs d’énergie, émetteurs de gaz à effet de serre, inattendue source de chaleur, les climatiseurs contribuent au réchauffement climatique. Mais pourra-t-on un jour s’en passer ?
Un cercle vicieux
« La climatisation présente trois problèmes », explique Vincent Viguié, chercheur au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired). « Le premier d’entre eux, c’est que ces appareils consomment de l’énergie. Beaucoup d’énergie. » Plus nous utilisons de climatiseurs, plus nous contribuons aux émissions de gaz à effet de serre, lesquels jouent un rôle déterminant dans le réchauffement climatique. A son tour, ce dernier augmente les risques de canicule, rendant de plus en plus nécessaire l’usage de la climatisation. Un cercle vicieux qui porte un nom : la maladaptation.
Or, « que ce soit du renouvelable ou du nucléaire, produire autant d’énergie reste difficile et coûte cher. La question qui se pose, c’est : est-ce qu’on préfère utiliser notre électricité pour la climatisation ou faut-il la réserver à d’autres usages ? » demande le chercheur.
Pour ce qui est du deuxième « problème », Vincent Viguié pointe le rôle des gaz frigorigènes utilisés dans les appareils pour créer du froid. Les gaz CFC utilisés autrefois, responsables de la détérioration de la couche d’ozone, ont été abandonnés au profit des hydrofluorocarbures (HFC). Mais ces derniers ont un gros pouvoir sur l’effet de serre, « des centaines ou des milliers de fois plus que le CO2 à poids équivalent ». Ces gaz ne sont pas censés s’échapper des climatiseurs, mais quand c’est le cas – parce que l’appareil est en fin de vie ou qu’il est détruit –, les conséquences sont catastrophiques.
Enfin – et c’est le troisième problème –, les climatiseurs agissent plus directement sur une forme immédiate de réchauffement. En effet, quand un climatiseur change de l’air chaud en air froid dans un logement, la chaleur aspirée, elle, est rejetée. En général, à l’extérieur. Ces rejets « peuvent augmenter les températures dans la rue jusqu’à 2 °C, ce qui rend la canicule plus grave pour les personnes qui n’ont pas de climatiseurs chez elles – parce qu’elles n’en veulent pas ou parce qu’elles n’en ont pas les moyens – et pour ceux qui se trouvent dans la rue, les passants et, bien sûr, les sans-abri. Plus les gens sont équipés en climatiseurs, plus c’est compliqué pour les autres de ne pas en avoir. »