
L’ONG décrit « un contexte de tensions politiques accrues » et pointe des « intimidations » récurrentes, notamment à l’encontre du parti de Moïse Katumbi, Ensemble pour la République.
À quatre mois de l’élection présidentielle en RDC, l’ONG Human Rights Watch a dénoncé la « répression » et les « intimidations » auxquelles l’opposition politique fait face, « dans un contexte de tensions politiques accrues ».
Les autorités congolaises ont « pris pour cible des dirigeants de partis politiques » selon l’organisation américaine de défense des droits humains. Dans un communiqué publié le 22 août, elle parle de « vague d’arrestations et de restrictions des libertés fondamentales ».
Cité par HRW, le bureau des droits humains des Nations unies en RDC évoque « des enlèvements et des menaces ciblant l’opposition », « des discours de haine et d’incitation à la violence », ainsi qu’un « usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques ». L’organisation de défense de la presse Journalistes en danger (JED), également citée dans le communiqué, s’alarme de la « montée » de la « violence physique à l’égard des journalistes » et des « militants de partis politiques. »
« Assassinat »
La plupart des incidents rapportés dans ce document concerne le parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, poids-lourd de la politique congolaise, devenu un des principaux opposants au régime du président Félix Tshisekedi. Le 30 mai, le conseiller de Katumbi, Salomon Idi Kalonda, a été arrêté à Kinshasa par des agents du renseignement militaire. Les charges retenues contre lui ont changé à plusieurs reprises depuis son arrestation.
Le 13 juillet, Chérubin Okende, porte-parole d’Ensemble pour la République, a été retrouvé mort, criblé de balles dans son véhicule, au bord d’une route dans la capitale. Cet ancien ministre des Transports de Felix Tshisekedi a rallié l’opposition fin 2022. Son « assassinat », jusqu’alors non élucidé, a provoqué l’émoi à travers le pays.
Nuisance
Limitation de mouvements, répression violente de manifestations, arrestations, perquisitions avec violences, destruction de biens : les chercheurs de Human Rights Watch disent avoir « de sérieuses inquiétudes quant aux efforts politiquement motivés pour intimider l’opposition ».
Cité également dans le communiqué de HRW, le président Félix Tshisekedi, candidat à sa propre réélection en décembre, a déclaré lors d’un meeting le 25 juin qu’il s’attaquerait « sans remords à tout Congolais » qui nuirait à la « stabilité (du) pays ». « Peu importe ce qu’on en dira : violations des droits de l’homme, privation de libertés… »
Le 24 mai, au cours d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur, Peter Kazadi, s’en est pris aux journalistes internationaux et à la communauté internationale en réponse aux critiques sur la répression violente d’une manifestation. Il les accuse de fragiliser l’État en « distribuant des [bons] points », ce qui selon lui poussent les dirigeants congolais à adapter leur politique « pour ne pas être transférés devant la Cour pénale internationale ».
(Avec AFP)