AP- Mutinerie à la prison civile des Gonaïves, jeudi 26 janvier : une vingtaine de détenus tués, plusieurs autres évadés. Les organisations de défense des droits humains font état de 27 morts contre quatorze pour les autorités. Devant la prison, logée dans un ancien dépôt de la mission de l’ONU, plusieurs dizaines de citoyens sont venus se renseigner, cherchant à savoir si leurs proches étaient en vie.
Au lendemain de la mutinerie dans la prison civile, une foule compacte observe un cadavre allongé sur le sol, près de l’entrée principale.
Un peu plus loin, on peut voir un autre corps dont le visage est déjà dévoré par des chiens. S’agrippant à la barrière de la prison, cette mère ne peut plus retenir ses larmes.
Mon fils a 16 ans. Il a été arrêté lors des scènes de pillages aux Gonaïves. Je suis venue vérifier, j’ai entendu dire que beaucoup de prisonniers sont morts, je ne sais pas si mon fils est parmi eux.
Une banderole autour de la ceinture, cette autre mère est abasourdie. Elle vient de Marmelade, à 52 km des Gonaïves. Son fils de 17 ans est incarcéré depuis trois mois, elle craint qu’il ne fasse partie des victimes.
Mon fils s’appelle Luckson Pierre. Il était dans la cellule numéro 1. Il s’était battu à Puilboreau, puis on l’avait transféré ici. Je ne peux plus tenir…
Une tablette à la main, Jean Rony Lima, défenseur des droits humains, recueille des informations. Selon lui, cette évasion était prévisible.
Lorsque vous avez 560 détenus dans quatre cellules, avec seulement deux ou trois policiers accompagnés de quelques agents de l’unité de maintien d’ordre qui n’ont pas été formés pour cela, à un moment où la police nationale est en rébellion contre l’État haïtien, ce qui se passe aujourd’hui n’est pas un hasard.
Au moment de l’évasion, 17 femmes détenues à la prison ont été violées. Parmi elles, une femme qui venait d’accoucher et une mineure.