AP- La Chine demande à l’ONU de faire respecter davantage le Traité de l’Espace aux pays signataires. En ligne de mire : les satellites Starlink de SpaceX que la station spatiale chinoise a dû éviter à deux reprises en 2021, « afin d’assurer la sécurité et la survie des astronautes en orbite ».
Début décembre, la Chine a déposé une plainte auprès du Bureau des affaires spatiales de l’ONU à Vienne à l’encontre des satellites Starlink de SpaceX. La Chine réclame un meilleur respect du Traité sur l’Espace après que sa station spatiale, Tiangong, a dû, à deux reprises, effectuer des manœuvres d’évitement pour ne pas entrer en collision avec deux des satellites d’Elon Musk.
La Chine a accusé mardi les États-Unis de « grave menace » à la sécurité de ses astronautes après que deux satellites du milliardaire Elon Musk eurent manqué de peu, selon Pékin, d’entrer en collision avec sa station spatiale.
Depuis Starlink « une augmentation des risques de collisions »
Deux satellites de Space X se sont en effet dangereusement approchés de la station spatiale chinoise, durant l’été et l’automne 2021. « Pour des raisons de sécurité, la station spatiale chinoise a mis en œuvre un programme préventif d’évitement de collision le 1 er juillet et le 21 octobre 2021. » Trois astronautes chinois se trouvent actuellement à bord de la station Tianhe : ils s’y trouvaient également lors de la seconde manoeuvre d’évitement, ce qui a rendu l’exercice plus compliqué. Ces manoeuvres ont également un impact sur la trajectoire et l’altitude de la station.
Dans sa plainte, la Chine demande au secrétaire général de l’ONU de rappeler aux pays leurs obligations dans le cadre du droit international de l’espace. Rappelant l’article VI du Traité, « les États parties au Traité ont la responsabilité internationale des activités nationales dans l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, qu’elles soient entreprises par des organismes gouvernementaux ou par des entités non gouvernementales, et de veiller à ce que les activités nationales soient poursuivies conformément aux dispositions énoncées dans le présent Traité ».
« Nous avons constaté une augmentation du nombre de risques de collision depuis le début du déploiement de Starlink », a commenté pour l’AFP Jonathan McDowell, du Centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian aux États-Unis. Dans le cadre de Starlink, SpaceX envisage de lancer près de 12 000 satellites afin de diffuser sa couverture Internet à haut débit dans le monde. Pour le moment, SpaceX a lancé plus de 1 900 satellites, dont près de 1 800 qui sont encore en orbite.
Au fur et à mesure de l’avancée du programme Starlink, les obstacles vont se multiplier, et avec eux les menaces de collision. Aujourd’hui, les manoeuvres d’évitement ne sont plus vraiment rares en raison des nombreux débris spatiaux qui représentent des menaces permanentes pour les stations spatiales, y compris pour l’ISS qui se déplace régulièrement pour ne pas entrer en collision avec eux.
« Préparez-vous à boycotter Tesla »
L’agence spatiale chinoise estime avoir réagi « afin d’assurer la sécurité et la survie des astronautes en orbite », ajoute le document. SpaceX n’avait pas commenté mardi cette information, qui a déplu aux internautes chinois. « Préparez-vous à boycotter Tesla », lançait un utilisateur du réseau social Weibo, sous un mot-dièse vu plus de 87 millions de fois.
« Ça ne manque pas d’ironie : les Chinois achètent des Tesla, donnant de l’argent à Musk pour qu’il lance (des satellites) et les jette contre la station spatiale chinoise », tonnait un autre. Pékin a accusé mardi les États-Unis de « manquer à leurs obligations internationales » dans l’espace, sans toutefois s’en prendre nommément à l’homme le plus riche du monde.
Elon Musk, qui vient d’être élu personnalité de l’année par le magazine américain Time, est très connu en Chine pour ses voitures électriques Tesla. La Chine est un marché crucial pour le multimilliardaire canado-américain d’origine sud-africaine. Tesla vend dans le pays environ un quart de sa production et dispose d’une usine à Shanghai. Le constructeur automobile a cependant été l’objet de critiques ces derniers mois à la suite d’accidents et d’inquiétudes en matière de protection des données.
La Chine a lancé cette année le module principal de sa station spatiale Tiangong (le « palais céleste »), dont la construction doit être achevée l’an prochain. Deux équipages de trois astronautes s’y sont succédé depuis juin.