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Les services de renseignement nigérians (DSS) indiquent avoir identifié certains acteurs clés dans ce qu’ils présentent comme une tentative de mise en place d’un gouvernement intérimaire. Ils les accusent de vouloir « saper l’Etat civil et plonger le pays dans une crise qui aurait pu être évitée ».

Muhammadu Buhari et Bola Ahmed Tinubu sont issus du même parti politique, l’APC

Muhammadu Buhari et Bola Ahmed Tinubu sont issus du même parti politique, l’APC© Official-State House Abuja Nigeria

Selon les services de renseignement du Nigeria, les complotistes prévoiraient par exemple organiser des manifestations violentes dans les grandes villes nigérianes pour justifier l’instauration de l’état d’urgence.

Les acteurs du complot auraient aussi la volonté d’empêcher l’entrée en fonction des parlements, au niveau fédéral et aussi au niveau des 36 Etats fédérés.

Une mise en garde qui interroge

Mais Malik Samuel, de l’Institut d’études de sécurité (ISS), reste prudent sur ce présumé complot.

« Je me demande jusqu’où ce complot est réel. Car les services de renseignement disent aussi dans leur communiqué qu’ils continuent de surveiller. Si cela était sérieux, comme ils le disent, pourquoi attendre alors que vous avez déjà découvert le complot ? », indique le chercheur spécialiste du Nigeria à la DW.

Les DSS affirment qu’ils vont prendre des mesures contre ces « éléments malveillants afin de contrecarrer leurs odieuses intentions ».

Les services nigérians de renseignement ont présenté leur mise en garde une semaine après que le candidat, arrivé deuxième au scrutin présidentiel, a de nouveau contesté la victoire du candidat du parti au pouvoir, Bola Tinubu.

Atiku Abubakar a ainsi officiellement introduit un recours il y a une semaine. Il avait été précédé la veille par le candidat de l’opposition, arrivé troisième, Peter Obi.

L’opposition appelle au calme

Malik Samuel, de l’ISS, ne pense toutefois pas que l’opposition soit derrière cette tentative de renverser l’ordre constitutionnel.

« Toute l’opposition appelle au calme. Aucun opposant n’a appelé ouvertement à la violence. Je crois que nous devons attendre les recours déposés devant la justice », constate le chercheur.

Malik Samuel juge aussi très improbable l’hypothèse d’un putsch. Le dernier coup d’Etat militaire au Nigeria remonte à 1993. L’actuel président Buhari, qui est un ancien général, a d’ailleurs pris le pouvoir une première fois par les armes, en 1983, avant d’être renversé deux ans plus tard.

Le président Muhmmadu Buhari ne s’est pas encore exprimé sur l’installation présumée de ce gouvernement intérimaire. Le président élu Bola Tinubu, qui doit entrer fonction en mai, n’a pas non plus commenté cette annonce.