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L’ambassadeur d’Algérie en France, rappelé début février à la suite d’une brouille entre les deux pays au sujet d’une militante franco-algérienne, sera « bientôt de retour » à Paris, a annoncé le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, dans un entretien télévisé.

L’ambassadeur d’Algérie en France, rappelé début février à la suite d’une brouille entre les deux pays au sujet d’une militante franco-algérienne, sera « bientôt de retour » à Paris, a annoncé le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, dans un entretien télévisé.

Malgré une interdiction de sortie du territoire en Algérie, la militante Amira Bouraoui était entrée en Tunisie le 3 février, avant d’être interpellée alors qu’elle tentait d’embarquer en direction de Paris.

Elle avait finalement pu s’envoler vers la France le 6 février malgré une tentative des autorités tunisiennes de l’expulser vers l’Algérie.

Alger a jugé que son départ pour la France constituait une « exfiltration illégale » menée à l’aide des personnels diplomatiques et sécuritaires français, et rappelé son ambassadeur à Paris, Saïd Moussi, pour consultations.

« Notre relation avec la France est fluctuante », a souligné M. Tebboune en référence à cette brouille, lors d’un entretien mardi soir à la chaîne panarabe Al-Jazeera« L’ambassadeur algérien sera bientôt de retour à Paris », a-t-il ajouté, selon un compte rendu de l’interview publiée par l’agence officielle APS.

Mme Bouraoui s’est fait connaître en 2014 par son engagement contre un quatrième mandat du président d’alors, Abdelaziz Bouteflika, avant de s’engager dans le mouvement de protestation « Hirak ». Elle a été condamnée en juin 2020 à un an de prison avant de bénéficier d’une remise en liberté provisoire en juillet de la même année.

Lors de la même interview, M. Tebboune a « regretté que les relations algéro-marocaines en soient arrivées à ce stade entre deux pays voisins ». Estimant que ces relations étaient arrivées à « un point de non-retour », il a affirmé que la position algérienne était une « réaction » par rapport à des agissements reprochés au Maroc.

L’Algérie a en rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021 en raison de profonds désaccords, notamment sur le dossier du Sahara occidental, et du rapprochement entre Rabat et Israël.

La question du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole considérée comme un « territoire non autonome » par l’ONU, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger.

Le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez en Espagne a décidé, en mars 2022, de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. En réaction à cette volte-face dans la position traditionnellement neutre de Madrid, les autorités algériennes ont suspendu début juin 2022 un traité de coopération avec l’Espagne.

M. Tebboune a affirmé dans l’interview considérer « la position de l’Espagne vis-à-vis du Sahara occidental comme une position individuelle du gouvernement Sanchez ». Les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne « se poursuivent et leur majorité s’effectue par le secteur privé dans les deux pays », a par ailleurs indiqué M. Tebboune.

Mais de nombreuses entreprises espagnoles sont touchées de plein fouet par la suspension du traité d’amitié. Lors d’une visite la semaine dernière à Alger, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, avait estimé qu’il faudrait trouver une solution « aux entraves » liées à la suspension de ce traité.

Par ailleurs, M.Tebboune a jugé lors de cette interview que la Tunisie, en proie à des graves crises politique et financière, était « confrontée à un complot », ajoutant que « l’Algérie était à ses côtés, n’en déplaise à certains ».