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AP- L’équation est à pleurer : le dérèglement climatique a des conséquences désastreuses sur tous les secteurs de la vie sur Terre et le trafic d’êtres humains se nourrit de n’importe quelle crise. L’Onu tire la sonnette d’alarme ce mardi : la multiplication des catastrophes météorologiques pousse sur les routes des millions de personnes qui deviennent l’une des «causes principales» du trafic d’être humains. «Le changement climatique accroît la vulnérabilité au trafic», écrit l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), dans un rapport basé sur la collecte des données de 141 pays sur la période 2017-2020 et l’analyse de 800 affaires judiciaires.

Au fil du temps, «des régions entières vont devenir inhabitables», ce qui «affecte de manière disproportionnée» les communautés pauvres vivant essentiellement de l’agriculture ou de la pêche, peut-on lire. Elles se retrouvent «privées de leurs moyens de subsistance et contraintes de fuir leur communauté», devenant une proie facile pour les trafiquants, détaille l’auteur principal du texte, Fabrizio Sarrica. Rien qu’en 2021, les catastrophes climatiques ont provoqué le déplacement interne de plus de 23,7 millions de personnes. Beaucoup d’autres ont même dû fuir à l’étranger.

Le rapport cite des typhons dévastateurs aux Philippines ou des cyclones et tempêtes au Bangladesh. Dans ces deux pays, une hausse des cas de trafic a été constatée, avec par exemple l’organisation de «larges campagnes de recrutement» pour piéger dans le travail forcé les plus démunis. Le Ghana, victime de sécheresses et d’inondations, et la région des Caraïbes, soumise aux ouragans et à la montée du niveau de la mer, sont aussi en première ligne.

Pour la première fois depuis la collecte des données en 2003, qui a permis de réunir à ce jour des éléments sur plus de 450 000 personnes, le nombre de victimes de la traite humaine recensées dans le monde a reculé en 2020 de 11 % par rapport à 2019, à cause de la pandémie de Covid-19, qui «a limité la capacité à détecter les cas», notamment dans les pays d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique à faibles revenus, explique le rapport.

Devant la fermeture des lieux ouverts au public (bars, discothèques…) en raison des restrictions sanitaires, certaines formes de trafic, notamment l’exploitation sexuelle, se sont déplacées vers «des endroits moins visibles et encore moins sûrs».

Autre terrain propice au trafic : les conflits armés. Si l’Afrique est de loin le continent le plus touché, l’instance onusienne pointe une situation potentiellement «dangereuse» en Ukraine, tout en saluant les mesures prises par les pays de l’Union européenne pour accueillir et protéger les millions de réfugiés.