0 3 minutes 3 mois

AP- Au Japon, le doublement à venir du budget de la défense suscite une immense polémique, car ce réarmement du pays va s’effectuer au détriment d’un chantier qui avait toujours été jugé prioritaire : la reconstruction de la région de Fukushima, dévastée en mars 2011.

Depuis dix ans au Japon, les contribuables sont assujettis à un impôt spécifique dont le produit est affecté à la reconstruction de la région de Fukushima. Il rapporte environ 3 milliards d’euros par an à l’État, mais dès 2023, la moitié de ce montant ira à la Défense nationale. Le réarmement du pays a été annoncé vendredi par le Premier ministre, Fumio Kishida, et il faut le financer.

Certains Tokyoïtes oscillent entre incrédulité et indignation : « Je croyais que c’était un gag et puis non, visiblement. J’en souris, mais c’est à pleurer », estime cet homme. Pour cette Japonaise, cette décision va encore plus enfoncer la région qui est par terre depuis 2011, et elle n’hésite pas à parler de cruauté.

Un hold-up budgétaire qui va « aggraver la situation »

« La reconstruction a pris beaucoup de retard, et ce hold-up budgétaire va encore aggraver la situation. Or, depuis onze ans, des milliers de personnes déplacées n’attendent qu’une chose : enfin rentrer chez elles. On ne peut pas faire lanterner ces pauvres gens ! », réplique également ce Tokyoïte.

Le Premier ministre nippon avait promis qu’il écouterait les Japonais. Mais pour ce Japonais, Fumio Kishida, comme tous ses prédécesseurss’isole dans sa tour d’ivoire et « n’en fait qu’à sa tête ».

Vendredi, une courte majorité de sondés approuvait la hausse du budget de la défense, mais désormais, 53% s’y opposent. Les trois quarts des Japonais désapprouvent le détournement, à des fins militaires, des budgets qui étaient dévolus à la région de Fukushima.