
AP- À Madagascar, l’ONG Humanité et inclusion (anciennement Handicap international) lance une thérapie dite de « stimulation » dédiée aux enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë sévère. Une thérapie basée sur le jeu, dans le but de prévenir les retards de développement moteur et cognitif. Face aux résultats probants au Mali et en Birmanie, l’ONG espère déployer cette méthodologie dans tout le Grand Sud de l’île, frappé par une famine sans précédent.
Deux ans que la situation dans le Grand Sud ne fait qu’empirer. À l’heure actuelle, 1,5 million de personnes se trouvent en situation d’urgence alimentaire et un million d’entre elles dépendent entièrement de l’aide alimentaire pour se nourrir. La population est en mode survie. Les familles n’ont d’autre choix que de faire passer les corvées domestiques, comme aller chercher de l’eau, trouver de la nourriture, avant les soins aux enfants malnutris.
Pour Christian Rafamatanantsoa, spécialiste en réadaptation au sein du programme Humanité et inclusion (HI), il y a donc urgence. Ces petits patients doivent être pris en charge pour leur éviter des séquelles irréversibles sur leur développement psychomoteur.
« Notre approche, chez HI, c’est de traiter la malnutrition en couplant la renutrition avec la thérapie de stimulation. On travaille sur des jeux pour pouvoir stimuler le cerveau et le corps de l’enfant. L’idée c’est de lui apprendre des mouvements, des postures, pour qu’il puisse après au moins faire les gestes de base comme tenir une cuiller, porter un aliment à sa bouche. On travaille aussi sur ses émotions et ses communications pour favoriser son développement psychologique », explique Christian Rafamatanantsoa.
La réussite de la thérapie repose sur la famille
Les études ont montré une récupération plus rapide chez les enfants qui ont eu accès à ce double traitement. Outre les effets positifs sur l’accroissement des aptitudes du patient, il a été prouvé que ces stimulations agissent sur son métabolisme en facilitant la digestion et l’absorption des nutriments. Seulement, les médecins préconisent deux à trois séances –individuelles- de trente minutes par semaine, sur une année au moins. Et dans une situation où l’accès aux soins de base est déjà difficile, la réussite de la thérapie repose sur la famille.
« Dans notre stratégie, l’implication des parents est essentielle. Parce que c’est eux qui vont jouer le rôle de kinésithérapeute et d’ergothérapeute dans le quotidien. Et si ces exercices vous paraissent à vous, très simples, voire évidents, il ne faut pas oublier le contexte dans lequel on est. Ces parents-là, ce sont probablement des anciens malnutris, qui présentent peut-être des déficiences physiques ou retards intellectuels », ajoute Christian Rafamatanantsoa.
Humanité et inclusion a démarré la phase de formation du personnel soignant dans le Grand Sud et espère à terme l’étendre aux agents communautaires.