Mali : Départ du dernier contingent de l’EUTM
Le Centre d’Instruction Boubacar Sada Sy de Koulikoro a abrité, ce jeudi 18 mai, une cérémonie de départ définitif de la Mission d’Entrainement de l’Union Européenne (EUTM) au Mali. Ainsi, après une décennie de présence au Mali, cette mission prend fin sur fond de tensions entre les partenaires européens et les autorités de la transition.
Intervenant pour la circonstance, le Commandant du Centre d’Instruction Boubacar Sada Sy de Koulikoro, le Colonel Issa Kaloga a déclaré qu’en 10 années de présence sur le sol malien, la Mission d’Entrainement de l’Union Européenne a participé activement à l’entraînement de plus de 5000 militaires Maliens, toutes catégories confondues.
Cet appui a concerné les groupements tactiques Interarmes, la logistique, la fouille opérationnelle, le leadership et d’autres domaines non moins importants. Selon lui, le départ de l’EUTM du Mali est « une volonté du commandement, de l’appropriation des FAMa des différentes formations qui s’inscrivent dans le cadre de la génération de nouvelles forces et leur préparation pour lutter efficacement contre le terrorisme et la préservation de notre souveraineté par la défense de l’intégrité du territoire national ainsi que la protection des personnes et de leurs biens ».
Avant d’ajouter que ce départ intervient dans le cadre de « la refondation de notre outil de défense dans un Mali nouveau ». De son côté, le Commandant de l’EUTM, le Général Santiago Juan Fernandez Diaz REPISO a indiqué que « les Forces Armées Maliennes sont à présent plus compétentes, mieux équipées et mieux formées pour répondre aux défis sécuritaires ».
« Les Forces Armées Maliennes constituent un fer de lance sur lequel la société s’appuie pour améliorer la situation sécuritaire ; leur compétence professionnelle et leur respect des Droits de l’Homme constituent des éléments fondamentaux qui justifient qu’on leur fasse confiance », a laissé entendre le Commandant de l’EUTM.
Selon le Général Santiago, l’EUTM a travaillé en étroite collaboration avec les autorités maliennes et leurs partenaires internationaux afin de renforcer la sécurité et la stabilité dans la région. Elle a également contribué à l’amélioration de la situation sécuritaire dans la région du Sahel en travaillant main dans la main avec la Force conjointe du G5 Sahel.
Il a, par ailleurs, indiqué que la mission a connu des pertes tragiques, mais reste déterminée à poursuivre son engagement envers le Mali et la région du Sahel.
Déployée le 17 janvier 2013, suite à des crises multidimensionnelles, afin d’apporter un appui à la formation, à l’entrainement et au renforcement des capacités des Forces de Défense et de Sécurité du Mali, la mission d’entrainement militaire de l’UE a connu un bilan mitigé durant sa décennie de présence au Mali.
Pourtant, l’EUTM Mali est la plus importante des six opérations militaires extérieures de l’UE. Avant sa suspension en mars 2022, la mission avait déployé plus d’un millier de soldats originaires de 25 pays, dont 22 membres de l’UE. Pour la seule année 2021, l’UE lui avait alloué un budget de 46 milliards d’euros, soit 10 milliards de plus que le budget consacré à l’aide humanitaire fournie par l’Europe au Mali cette année-là…
Ce retrait prématuré est dû à l’inquiétude suscité par les Européens autour de « l’arrivée du groupe Wagner au Mali » que les autorités qualifient « d’instructeurs ». Ils attendaient des garanties de la part de Bamako que les soldats formés par l’UE ne finiront pas sous le commandement de ces milices russes accusées d’avoir commis des exactions notamment en République centrafricaine et en Syrie.
C’est ainsi que le 22 mars, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell a annoncé la suspension sine die des missions maliennes de l’UE – EUTM et EUCAP, son équivalent pour la formation des forces de police et de sécurité. Le gel des missions de formation européennes fait suite au retrait des troupes françaises de l’opération Barkhane et de la force interarmée européenne Takuba, effectif depuis août 2022.
Selon la ministre allemande de l’époque « sans ces troupes de combat pour protéger les formateurs de l’EUTM en cas d’urgence, il est peu probable que la mission puisse se poursuivre ». Alors qu’ils se retirent militairement du Mali, les Européens ont tout de même lancé fin février, une mission de partenariat militaire au Niger (EUMPM Niger) dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) afin de soutenir le pays dans sa lutte contre les groupes armés terroristes.
Rappelons que le Niger abrite déjà plusieurs contingents militaires occidentaux tels que les Français, les Allemands, les Italiens et les Américains.
MD/APA