Dans un communiqué, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a demandé un soutien urgent pour intensifier les opérations au Mali où 3,8 millions de personnes sont confrontées à une catastrophe alimentaire. Une situation favorisée par la violence, les déplacements de population et les chocs climatiques. Les régions les plus touchées par ce fléau sont notamment le centre, le nord et le sud-est du Mali.
La réponse renforcée du PAM ciblera les zones difficiles d’accès comme Ménaka, où le nombre de personnes forcées de fuir leurs maisons continue d’accroître. En effet, dans cette région, la faim a atteint des niveaux catastrophiques en raison des effets combinés des extrêmes climatiques et des violences intercommunautaires. Selon le Représentant et Directeur du PAM au Mali, Eric Perdison « l’insécurité alimentaire a déjà atteint des niveaux alarmants à Ménaka ». Il a appelé à agir « maintenant avant qu’il ne soit trop tard pour éviter une insécurité alimentaire généralisée en veillant à ce que les personnes vulnérables reçoivent une assistance rapide et efficace. Les conséquences de l’inaction sont inimaginables ».
A en croire le PAM, pour la première fois depuis 2014, plus de 2 500 personnes dans la région de Ménaka devraient connaître des niveaux catastrophiques de faim, pendant la période de soudure (juin à septembre) soit à un pas de la famine. Au total, elles seront 1,2 millions de personnes qui seront confrontées à un accès irrégulier à des aliments nutritifs durant cette période. Ceci est dû à la récurrence de l’insécurité, aux chocs climatiques et aux prix élevés des denrées alimentaires qui continuent de provoquer une faim et une malnutrition aiguës au Mali.
Par ailleurs, la propagation de l’insécurité dans les régions du sud et de l’ouest du Mali, auparavant sûres, a également un impact négatif sur l’agriculture, la pêche et la production animale et réduit considérablement la capacité des familles à accéder à la nourriture. La dernière analyse de marché de février 2023 indique que les prix des denrées alimentaires ont considérablement augmenté pour le mil (+ 55 %), le sorgho (+ 27 %), le maïs (+ 43 %), le riz importé (+ 26 %) et le riz local (+ 28 %), par rapport aux moyennes quinquennales. Ces augmentations entravent davantage l’accès à la nourriture pour les familles les plus pauvres.
Globalement, en 2023, le PAM prévoit de fournir une assistance alimentaire et nutritionnelle d’urgence à 3,8 millions de personnes au Mali, y compris 650 000 pendant la période de soudure précoce (mars à mai) et 1,2 million de personnes en situation d’insécurité alimentaire pendant la période de soudure agro-pastorale (juin à septembre). Toutefois, sans ressources suffisantes, la réponse du PAM pourrait être considérablement réduite. Déjà, les contraintes de financement l’ont forcé à réduire les rations alimentaires de 50% pour les communautés hôtes en avril et en mai. D’autres réductions encore plus conséquentes ne sont pas à exclure à partir du mois de juin.
Ainsi, pour continuer à fournir une assistance alimentaire et nutritionnelle aux personnes vulnérables au Mali, le PAM a besoin d’urgence de 110 millions de dollars américains, au cours des six prochains mois.
MD/ac/APA