
RABAT, AP- L’intervention royale a amené transporteurs aériens et maritimes à réduire nettement leurs prix. Mais la bataille est rude pour décrocher les billets aux dates voulues et la fermeture des frontières espagnoles complique l’équation.
En 2019, ce sont près de trois millions de Marocains – sur les cinq millions résidant à l’extérieur du Royaume (MRE) – qui sont revenus passer l’été auprès de leur famille grâce à l’opération dite « Marhaba » (Bienvenue).
Organisée tous les ans du 15 juin au 15 septembre, celle-ci prévoit une augmentation des liaisons maritimes, des points d’information spécifiques, des dispositifs de sécurité et des soins de santé pour les voyageurs.
Après l’annulation de l’opération en 2020 à cause de la pandémie – seuls 5,5 % des MRE (165 000) avaient pu rejoindre le pays -, ils étaient nombreux à attendre la réouverture des frontières cette année.
Les ports espagnols exclus de l’opération
De fait, les autorités marocaines ont décidé d’assouplir les restrictions sur le déplacement des voyageurs et ont annoncé la reprise du trafic aérien le 15 juin, malgré un espace aérien toujours officiellement fermé. « Les vols s’effectueront dans le cadre d’autorisations exceptionnelles » explique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié le 6 juin.
Concernant le transport maritime, les ports espagnols ont été exclus de l’opération Marhaba, pour des raisons sanitaires. Désormais, le choix pour les usagers des ferries est réduit aux ports de Sète et Marseille en France et de Gênes en Italie. Un dispositif qui ralentit considérablement la traversée : il faut compter entre quarante et cinquante heures entre ces ports et Tanger Med, contre une heure entre le Maroc et l’Espagne.
La fermeture de la frontière maritime avec l’Espagne, empêchant des milliers de Marocains d’emprunter cette voie, s’est accompagnée de la flambée du prix des billets dès l’annonce de la reprise des vols… Ce qui a provoqué la colère de la diaspora marocaine.
Trois millions de billets d’avion à prix fixe
Pour calmer le jeu, le roi Mohammed VI a donné, dans un communiqué du cabinet royal, des instructions aux compagnies aériennes et au secteur du tourisme pour faciliter le retour de la diaspora.
Ainsi, des facilitées administratives doivent être mises en place durant la traversée – administratives, douanières et sanitaires. Est également demandée la réduction du prix des billets pour rejoindre le royaume.
En outre, l’opérateur public Royal Air Maroc (RAM) a annoncé le 13 juin la mise en place d’un dispositif « exceptionnel » et « historique ». « La compagnie nationale renforce son programme de vols et propose des prix très accessibles aux membres de la communauté marocaine établie à l’étranger » précise-t-elle dans un communiqué.
Royal Air Maroc a ainsi proposé trois millions de billets à prix fixe en fonction de la date de départ, du 15 juin au 30 septembre.
Des tarifs divisés par 3,6
Désormais, selon la compagnie marocaine, le prix du billet (aller-retour) au départ de toutes les destinations européennes (hors Russie et Turquie) est de 97 euros à l’unité pour une famille de quatre personnes – soit un total de 388 euros. Pour trois personnes, la RAM annonce un tarif de 120 euros par personne et pour une personne voyageant seule, il faut compter 150 euros.
Selon la presse marocaine, quelques jours avant l’annonce, il fallait compter 1 399 euros l’aller simple entre Paris-Orly et Tanger pour une famille de quatre personnes, près de 3 000 euros pour un aller-retour et 565 euros l’aller simple entre Madrid et Tanger.
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S’agissant des vols opérés au départ de l’Amérique du Nord (Washington, Montréal, New York), le tarif proposé est de 500 euros par personne l’aller-retour pour les familles de trois personnes et de 600 euros pour les personnes seules ou les couples.
Enfin, les billets en provenance des 25 pays africains desservis par la RAM (hors Égypte et Tunisie) coûteront 240 euros l’unité pour les familles de trois ou plus et 300 euros pour les personnes voyageant seules ou à deux.
42 compagnies à nouveau autorisées
Ces billets ont été pris d’assaut par la diaspora, le tarif préférentiel devenant presque impossible à décrocher dès le 15 juin. « 120 000 réservations ont été enregistrées depuis dimanche [13 juin]. La forte demande a saturé le site de la compagnie », s’est félicité le PDG de la Royal Air Maroc, Abdelhamid Addou lors d’une conférence de presse le 14 juin.
Placée au 83e rang du classement Jeune Afrique des 500 premières entreprises africaines, la troisième compagnie aérienne du continent – après Ethiopian Airlines et Egyptair – a été sérieusement impactée par la pandémie de Covid et a longtemps été contrainte de réduire ses activités aux vols domestiques – qui représente moins de 5 % de l’activité en temps normal – et aux allers-retours avec la Chine pour l’approvisionnement en vaccins.
Selon le directeur général de l’Office national marocain du tourisme (ONMT), 42 compagnies aériennes vont à nouveau pouvoir aller au Royaume.
Le transport maritime lève aussi le pied
La flambée des prix a également touché le transport maritime, qui a été contraint de diminuer ses prix de plus de 50 % pour certaines destinations, suite à la demande royale.
Ainsi, les prix de référence des billets aller-retour ont été ramenés à 995 euros pour une famille de quatre personnes avec voiture pour les lignes long-courrier et à 450 euros pour les lignes moyen-courrier, précise le ministère de l’Équipement et du Transport dans un communiqué.
Ces tarifs s’appliquent pour toutes les compagnies maritimes. Plusieurs d’entre elles, sollicitées par Jeune Afrique, n’ont pas répondu dans l’immédiat.
Quelques jours plus tôt, selon les observations faites par Jeune Afrique, il fallait débourser près de 3000 euros pour un aller-retour entre Gènes et Tanger-Med avec la compagnie italienne Grandi Navi Veloci (GNV) pour une famille de quatre personnes.
© Fournis par Jeune Afrique prix billet ferry maroc italie©
Une diaspora dynamique
Des discussions sont en cours avec les autorités portugaises afin d’ajouter aux liaisons de proposer une liaison vers Tanger Med depuis de Portimao, au Portugal, tandis que la Direction de la marine marchande, citée par l’agence de presse marocaine Map, indique « poursuivre ses contacts avec les compagnies de transport maritime pour les inciter à augmenter le nombre de rotations et ainsi augmenter la capacité de transit ».
Alors que les ports de Sète, Marseille et Gênes ont une capacité hebdomadaire de 20 000 passagers et de 5 000 véhicules à eux trois en temps normal, les nouvelles capacités affichées pour la période sont 48 000 passagers et plus de 15 000 véhicules par semaine, pour un besoin total estimé à 650 000 passagers et 180 000 véhicules entre le 15 juin au 15 septembre.
Pour rappel, en 2018, 530 000 passagers et 140 000 véhicules avaient opté pour un ferry entre le Maroc et l’Europe. En 2019, sur les trois millions de Marocains rentrés dans leur pays, 55,8 % ont emprunté la voie maritime et 44,2 % la voie aérienne, d’après les chiffres de la Fondation Mohammed V pour la solidarité.
Selon l’Observatoire du tourisme marocain, la diaspora, très active dans le pays, a représenté 23 % des touristes ayant visité le royaume chérifien en 2019 (13 millions au total) et a envoyé 7,4 milliards de dollars en 2020 vers son pays d’origine (d’après la Banque mondiale).