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Les ministres français et allemande de l’Intérieur, Gerald Darmanin et Nancy Faeser se sont rendus dimanche en Tunisie pour convaincre les autorités du pays de juguler les flux migratoires vers l’Europe après un refus total de la part du président tunisien de faire de son pays un agent de contrôle frontalier pour d’autres pays.

Les Européens ont multiplié les déplacements en Tunisie pour tenter de convaincre les autorités du pays de « fermer les robinets » de la migration vers les côtes européennes, en particulier vers l’Italie. Et pour cause, les arrivées de migrants en Italie ont presque doublé entre 2022 et 2023, dont une majorité d’Ivoiriens, ce qui inquiète le gouvernement italien d’extrême droite.

Les Européens détiennent une arme de pression redoutable, la crise financière que traverse la Tunisie.

En même temps, la Tunisie avait fait tout son possible pour débloquer des aides financières internationales pour sauver le pays d’un effondrement économique. Des appels à l’aide qui ont trouvé un silence bruyant du côté des Occidentaux qui reprochent au président tunisien de s’être arrogé les pleins pouvoirs et de ne pas conduire les réformes nécessaires pour obtenir la confiance des bailleurs de fonds.

Mais suite aux déclarations du président Kais Saied, qui ne souhaite plus que la Tunisie fasse le « gendarme » pour l’Europe tout en recevant des critiques sur la gestion de son pays, les inquiétudes du côté européen se sont fait ressentir au point où deux ministres de l’Intérieur européens se sont déplacés en même temps pour rencontrer leur homologue tunisien, Kamel Feki.

Après sa politique de réduction de visas pour « punir » les citoyens maghrébins, Gérald Darmanin, avait besoin de montrer que la France disposait toujours de la main sur la Tunisie. Mais cette démarche franco-allemande envoie explicitement le message que la fébrilité est passée de l’autre côté.

Le président tunisien ne s’est pas caché pour tenir des propos racistes et pour attiser le sentiment raciste et la violence anti-immigrés dans son pays.

L’inflexibilité de la Tunisie dans ce cadre, est une première qui alarme les Européens et envoie le signal d’un changement de paradigme dans les pays d’Afrique du nord qui commencent à serrer la vis et ne permettent plus le chantage ou de double langage.

Pour autant, les pays européens continuent de faire pression sur la Tunisie pour qu’elle accepte un plan de sauvetage de 1,9 milliard de dollars du Fonds monétaire international (FMI) censé sauver l’économie. Avant cela, l’Union Européenne a annoncé une enveloppe de 100 millions d’euros à Tunis pour l’aider dans sa gestion migratoire.

Mais l’UE entend continuer à exercer une pression sur la Tunisie, révèlent les déclarations de la Commissaire européenne en charge des Affaires intérieures Ylva Johansson.

L’Union européenne « doit travailler » avec la Tunisie pour endiguer le flux d’arrivées irrégulières de migrants, mais elle continuera à critiquer le gouvernement si nécessaire, a-t-elle déclaré au moment de la visite en Tunisie de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, et du Premier ministre néerlandais, Mark Rutte.

Cette approche a été dénoncée en Tunisie par des ONG comme le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, qui y a vu un « chantage ».