
‘’Après le Mali, et avec Laurent Gbagbo aux affaires en Côte d’Ivoire…encore un mauvais coup pour les intérêts Français à prévoir dans la région’’. La spéculation est d’un internaute Français qui réagissait suite à l’article traitant de la création du Parti des Peuples Africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) publié sur le site lefigaro.fr.
Pour comprendre les appréhensions de cet internaute, il faut faire une jonction conjecturale de l’idéologie mise en avant par la formation politique qui vient d’être portée sur les fonts baptismaux par l’ex chef d’état Ivoirien, Laurent Gbagbo et le contexte surchauffé et hautement tendu des relations bilatérales entre la France et le Mali où la junte concrétise son choix du rapprochement d’avec Moscou au détriment de Paris.
Mis ensemble, ces facteurs peuvent susciter des craintes sur les contingences que pourrait entraîner le retour de Laurent Gbagbo au-devant de la scène politique, de surcroît dans une posture d’idéologue panafricaniste.
Tels que déclinés le 29 Août dernier par sa conseillère politique, Agnès Monnet, devant des partisans de l’ex président à Koumassi dans la banlieue sud d’Abidjan, les objectifs de la création du PPA-CI sont sans ambiguïté : ‘’Ce nouveau parti politique va résoudre la question de la souveraineté de la Côte d’Ivoire par l’instauration d’une nouvelle monnaie qui nous affranchisse de la tutelle économique et financière de la France’’, a-t-elle révélée.
Pour la France, déjà secouée par plusieurs décennies de crise avec ses ex colonies, dont la majeure partie en Côte d’Ivoire du temps de la présidence de Laurent Gbagbo, les auspices sous lesquelles se crée ce parti politique progressiste et souverainiste, sont loin d’être rassurants.
Cela saurait-t-il justifier pour autant des craintes d’un risque de confrontation, une sorte de match retour entre l’ex dirigeant Ivoirien et l’ancienne métropole ? 10 ans après le violent épilogue de la crise postélectoral de 2010-2011, qui a vu la chute de Laurent Gbagbo précipitée par l’intervention irrémédiable de l’armée Française, la création de cet instrument de lutte politique, il faut le reconnaître, plonge l’ogre Français dans une incertitude des plus embarrassantes quant à l’évolution de la sphère politique Ivoirienne.
Certes, à 76 ans, Laurent Gbagbo pourrait avoir perdu en partie sa combativité légendaire sur le front de l’adversité politique, mais cet ami des socialistes Français draine derrière lui, une horde de partisans convaincus des idéaux souverainistes qu’il professe.
Le PPA-CI étant fondé sur le socle du souverainisme panafricain, la relève potentielle qui pourrait prétendre à la succession politique du fondateur du parti, pourrait s’avérer être une entorse à la politique Ivoirienne de la France officielle qui plus que jamais, risque d’avoir en face d’elle, des élites décomplexées, historiquement galvanisées, et trempées dans le populisme. Le vin est tiré, il faut le boire…
Raoul Mobio