
AP- Le retour de la thématique du travail dans un débat trop souvent accaparé par celles de la sécurité ou de l’identité est à saluer.
Il avait disparu depuis près de quatre décennies du vocabulaire politique français. Le « travailleur immigré » y revient à la faveur de la pénurie de main-d’œuvre, qui justifie, selon le gouvernement, le volet « régularisation » du projet de loi destiné à « contrôler l’immigration et améliorer l’intégration » adopté, mercredi 1er février, en conseil des ministres. Indépendamment des nombreuses réserves et critiques à adresser à un texte – la vingtième réforme du genre depuis 1980 – lancé sans même que la précédente loi sur le sujet, votée en 2018 « pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », ait fait l’objet de la moindre évaluation, il faut saluer le retour de la thématique du travail dans un débat trop souvent accaparé par celles de la sécurité ou de l’identité.
Immigration : ce que contient le projet de loi
Longtemps gérées par le ministère des affaires sociales, les questions migratoires sont passées presque exclusivement, depuis plus de trente ans, sous la tutelle de celui de l’intérieur, au risque des impasses induites par une vision exclusivement policière. Dans la réalité, les immigrés n’ont jamais cessé d’être – aussi – des travailleurs, des contribuables, des cotisants. Il a fallu la crise due au Covid-19, et celle du travail qui s’en est suivie, pour que cette réalité pourtant très visible – qui cuisine dans les restaurants, manie le marteau-piqueur, s’active sur les échafaudages, vide nos poubelles, livre nos colis, etc. ? – s’impose. Par contraste, le silence qui prévalait auparavant met en lumière l’hypocrisie d’un certain patronat et la pusillanimité des responsables politiques.