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Des explosions ont encore secoué la capitale mardi soir, en dépit d’appels à la trêve, au quatrième jour de combats entre l’armée et les paramilitaires qui ont fait près de 200 morts. Le pays s’interroge sur ce qui a pu déclencher cette guerre.

Dans le hall d’un hôtel du centre de Khartoum, mardi 18 avril, l’un des rares endroits équipés d’un générateur, des hommes rechargent leurs téléphones, les yeux rivés sur la télévision. Les images de la capitale soudanaise dévastée tournent en boucle. Tous sont sous le choc et s’interrogent sur l’étincelle qui a déclenché ce conflit meurtrier. Près de 200 personnes ont été tuées dans les combats opposants la milice paramilitaire du général Hemedti et l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane, aux commandes depuis le putsch de 2021.

« Je pense que le courant islamiste a joué un rôle direct dans ces évènements, affirme un habitant de Khartoum. Il est très possible que ce soit eux qui aient allumé la mèche de la discorde car depuis la chute d’al-Bachir, ils ont prouvé qu’ils feraient tout pour ne pas lâcher le pouvoir. La meilleure des preuves c’est que ces dernières semaines, les leaders du courant islamiste ont lancé de nombreux signaux inquiétants, affichant leur force et indiquant qu’ils n’accepteraient aucune solution politique s’ils n’en faisaient pas partie ».

Des négociations étaient en cours avant l’irruption de la guerre pour tenter d’installer un gouvernement civil. Depuis le coup d’État d’octobre 2021, le courant islamiste, qui bénéficiait déjà d’importants soutiens au sein de l’armée, s’est renforcé avec la bénédiction du général Bourhane. C’était l’un des principaux points de crispation avec le général Hemedti.

« Ils avaient intérêt à provoquer cette guerre »

« Pour le moment la vérité est encore voilée. Les deux parties se rejettent la faute sur qui a attaqué le premier, estime un autre habitant de la capitale. Pour moi, il faut chercher qui avait le plus d’intérêt à ce qu’une guerre éclate. Les islamistes sont ceux qui avaient le plus à perdre des négociations politiques qui avaient lieu avant la guerre. Je crois aussi que ce sont eux qui avaient intérêt à provoquer cette guerre car si un accord avait été signé, il aurait signifié leur arrêt de mort et les aurait exclus du jeu politique ».

Il est encore trop tôt pour comprendre qui a tiré le premier coup de feu. Mais un engrenage c’est enclenché samedi matin que rien ne semble pouvoir arrêter.