Lorsqu’il prête serment pour son premier mandat, en 2015, Muhammadu Buhari fait un constat sans appel de la situation économique du pays dont il vient de prendre les rênes. Premier opposant à être élu à la présidence du Nigeria, l’ex-général arrivé une première fois au pouvoir en 1983 à la faveur d’un putsch, se revendique alors comme un « converti à la démocratie ». Il n’a pas de mots assez durs pour décrire l’héritage calamiteux de Goodluck Jonathan, poussé à la retraite par les urnes. « Avec la fonte de nos réserves en devises, la chute des cours du pétrole, les fuites [de capitaux] et la dette, l’économie est dans une phase difficile », lance-t-il. Et s’il place aux tous premiers rangs de ses priorités la lutte contre Boko Haram, il n’en lance pas moins ce jour là un appel à « l’unité » pour affronter les défis socio-économiques auxquels le pays doit faire face. Coupures d’électricité, chômage, piètre qualité du système éducatif, nécessité de « rebâtir » le système de santé ou encore de « renouveler des infrastructures en décadence »… La liste des chantiers qu’il se fixe alors est immense.