0 4 minutes 2 semaines
Kemal Kiliçdaroglu, qui défiera Recep Tayyip Erdogan le 28 mai lors du second tour de l’élection présidentielle turque, a durci le ton jeudi 18 mai sur les questions des réfugiés et du terrorisme dans un appel du pied à l’électorat nationaliste. «Je ne me suis jamais assis à une table avec des organisations terroristes et je ne le ferai jamais (…) Je renverrai tous les réfugiés chez eux dès mon arrivée au pouvoir», a lancé le candidat de l’alliance de l’opposition à Ankara pour sa première prise de parole en public depuis le premier tour du 14 mai. Il avait évoqué ces derniers mois un rapatriement «dans les deux ans» en cas de victoire.
 
 
Ces deux promesses aujourd’hui formulées d’un ton inhabituellement ferme, sonnent comme un message envoyé aux 2,8 millions d’électeurs (5,2% des votants) ayant soutenu au premier tour le troisième homme du scrutin, l’ultranationaliste Sinan Ogan. Selon la presse turque, Sinan Ogan a rencontré mercredi l’un des six dirigeants de l’alliance de l’opposition, et pourrait s’entretenir vendredi avec Kemal Kiliçdaroglu, qui a recueilli dimanche 44,9% des suffrages, contre 49,5% pour le président Erdogan, soit une différence de plus de 2,5 millions de voix.
 
«S’ils restent au pouvoir, il y aura 10 millions de réfugiés de plus»
Sinan Ogan pourrait appeler en fin de semaine ses soutiens à voter pour un des deux finalistes de l’élection, sans qu’il ne soit certain que ses consignes de vote seront suivies massivement. Le candidat ultranationaliste avait en partie axé sa campagne sur l’expulsion des 4 millions de réfugiés vivant sur le sol turc, syriens pour environ 90%. Kemal Kiliçdaroglu, qui promet de longue date de renvoyer les réfugiés syriens, a accusé jeudi le chef de l’État d’avoir «fait venir de son plein gré 10 millions de réfugiés».
 
«S’ils restent au pouvoir, il y aura 10 millions de réfugiés de plus (…) Il y aura des pillages. Les villes seront tenues par la mafia et les trafiquants de drogue. Les féminicides augmenteront», a-t-il asséné. Sur la question du terrorisme, il a accusé le président Erdogan d’avoir mené des «négociations secrètes» avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe qualifié de terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux. Il a aussi reproché au chef de l’État d’avoir «nourri et fait grossir» le mouvement du prédicateur en exil Fethullah Gülen, ex-allié d’Erdogan, accusé par ce dernier d’avoir fomenté la tentative de coup de juillet 2016.
 
«Je n’ai jamais été aux côtés de ceux qui ont comploté contre nos soldats et je ne le serai jamais», a-t-il affirmé en visant le président Erdogan, qui accuse Kemal Kiliçdaroglu de «répondre aux ordres» du PKK depuis qu’il a obtenu le soutien le parti prokurde HDP. Le candidat de l’opposition a par ailleurs dénoncé les «irrégularités» qui ont selon lui entaché le premier tour du scrutin. «Nous avons besoin non plus de un ou deux mais de cinq observateurs dans chacun des bureaux de vote», a-t-il déclaré.