
AP- En même temps que la guerre en Ukraine, les Russes poursuivent leurs actions d’influence en Afrique. Depuis quelques semaines est apparue une nouvelle institution, l’Organisation africaine pour la russophonie, où il n’est pas seulement question de promouvoir la langue de Tolstoï.
L’Organisation africaine pour la russophonie a été discrètement créée il y a quelques semaines à Bangui, la capitale de la Centrafrique. Le site internet Russophonie Afrique la présente comme une simple association pour aider à étudier en Russie, obtenir des visas ou faire des affaires. Mais Frédéric Lejal, spécialiste de l’Afrique et ancien rédacteur en chef de La Lettre du Continent, considère que Moscou franchit là un nouveau seuil d’influence.
Et la langue n’est qu’un prétexte. « Ça va être un réseau d’hommes d’affaires, d’hommes politiques qui vont se rencontrer, qui vont échanger et ça va créer une sorte de toile pour que Moscou puisse étendre son influence dans le financement privé ou dans le financement public, prédit-il. Je vois ça comme un gros instrument de lobbying pour faire du business, pour approcher différents chefs d’État. »
« Pour moi, c’est un centre névralgique de l’influence et du réseau de la Russie en Afrique. »
Frédéric Lejal, ancien rédacteur en chef de « La Lettre du Continent »à franceinfo
L’idée est aussi bien sûr de grignoter l’influence française dans la région. En juillet dernier, Emmanuel Macron avait fait une tournée africaine, simultanément à celle effectuée par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Entre la Russie et la France, il y a d’abord l’affrontement sur le terrain sécuritaire. Alors que la France retire peu à peu ses soldats du Mali, la Russie gagne, elle, du terrain. Elle a des coopérations militaires avec une vingtaine de pays sur le continent. Et avec le conflit en Ukraine, cette guerre d’influence se joue aussi sur le terrain commercial et alimentaire.