De mémoire de Bamakois, rarement des coupures d’électricité ont ainsi durement affecté les populations. Les plaintes sont devenues quotidiennes et se multiplient sur les réseaux sociaux. Certains quartiers passent parfois une journée sans électricité et les coupures sont rotatives. Kagali Ben Deka Diabaté de l’association 17 millions de consommateurs regrette cette situation :
« Il se trouve qu’aujourd’hui souvent nous sommes à 10 heures, 12 heures voire plus de coupure de courant par jour. Cela constitue des désagréments pour les consommateurs. Aujourd’hui, lorsque vous regardez ceux qui travaillent carrément avec le courant comme les menuisiers métalliques et d’autres prestataires privés qui sont carrément liés à Energie du Mali (EDM), ils n’arrivent pas à travailler convenablement », estime Kagali Ben Deka Diabaté. « Du coup, c’est un manque à gagner énorme pour ces gens-là. Sans compter les personnes âgées qui souffrent énormément de cette situation en raison de la forte chaleur. »
Une demande de changement
Selon Lacine Diawara du Bloc d’intervention populaire pour la réunification entière du Mali (Biprem), face à cette crise énergétique, des têtes devront tomber :
« La situation se dégrade progressivement et dangereusement. À tout moment, des interruptions intempestives arrivent le matin comme le soir. Raison pour laquelle, les gens murmurent presque partout contre cette situation », relève-t-il. « Au Biprem, nous avons décidé qu’au lieu de continuer à nous plaindre comme les autres, nous avons envoyé une demande au président de la transition, le colonel Assimi Goita en lui demandant de limoger le ministre de l’Énergie de l’eau et des mines. »
Se tourner vers les énergies renouvelables ?
Gary Diallo de l’association des professionnels de l’électricité au Mali estime de son côté que les centrales thermiques qui fonctionnent avec le carburant ne sont plus adaptées pour satisfaire les consommateurs maliens :
« Pour sortir de cette crise énergétique, je crois que ça va demander à changer même le choix énergétique au plan national. Parce qu’on ne peut continuer à tourner sur le groupe électrogène compte tenu du coût élevé du gasoil aujourd’hui. Le mieux, c’est de voir de quel choix énergétique le Mali a besoin aujourd’hui », estime Gary Diallo. « Et je crois que le meilleur choix aujourd’hui, c’est d’aller vers les énergies renouvelables parce que nous avons suffisamment de soleil chez nous, soit 11 mois sur 12. C’est seulement au mois d’août que le Mali est défavorisé côté ensoleillement. Sinon durant les 11 mois de l’année, nous avons suffisamment de soleil. »
Les organisations de la société civile de Gao, dans le nord du pays, ont organisé ce vendredi une grande mobilisation pour dénoncer les coupures d’électricité.
Nous avons contacté une source proche du gouvernement qui nous a déclaré que très bientôt les autorités de la transition communiqueront sur la situation.
Auteur: Mahamadou Kane