Fin janvier, la justice saoudienne a requis la peine de mort à l’encontre d’un prédicateur dissident, Awad al-Qarni, en prison depuis septembre 2017, pour «propagation de discours subversifs» sur ses comptes Twitter et Instagram.
L’annonce n’a été faite par aucune source officielle, ni par les médias locaux, mais par un quotidien britannique, The Guardian, qui en a été informé par le fils du prédicateur, exilé à Londres.
C’est dire à quel point les autorités saoudiennes voulaient occulter l’information et éviter ainsi que l’image d’une nouvelle Arabie saoudite, ouverte sur le monde –comme elles la vendent depuis quelque temps– n’en soit ternie.
Le double visage de MBS
Au-delà des chefs d’inculpation retenus contre Awad al-Qarni et deux de ses codétenus, cette annonce vient démentir les nombreuses promesses faites par le prince héritier, Mohammed ben Salmane (MBS), qui a pris les rênes du royaume avant même d’être intronisé roi, de moderniser son pays: plus de liberté pour les femmes (mais pas toutes), suppression de la police des mœurs, épuration (sélective) des hadiths du prophète, autorisation des galas de musique (sous contrôle), etc.
D’ailleurs, MBS poussait tellement loin ses réformes que ses détracteurs –à l’intérieur ou à l’extérieur du pays– parvenaient facilement à distiller à chaque fois sur les réseaux sociaux des rumeurs plus sulfureuses les unes que les autres, comme celle, détonante, de l’ouverture d’un bar à Djeddah ou, mesure plus incroyable encore, l’interdiction du port du voile pour les citoyennes saoudiennes.