Le plus gros acheteur de fèves de cacao en Côte d’Ivoire, la société américaine Cargill est accusé dans un rapport produit par l’ONG ivoirienne, Initiative pour le développement communautaire et la conservation de la forêt ( IDEF), d’acheter le cacao illégalement produit dans le parc national du Mont Peko,
L’IDEF qui a conduit cette enquête sur le terrain pendant plusieurs mois, a réussi à prouver que les coopératives ainsi que des acheteurs installés dans les villages aux abords de ce parc national qui joue un rôle important dans l’écosystème de la région en plus d’être un havre de paix pour les éléphants, sont les principaux fournisseurs de fève de cacao à la société Cargill qui alimente ses clients chocolatiers.
Face à cette situation préoccupante pour l’ONG IDEF, son partenaire européen FERN basé à Bruxelles, appelle l’Union Européenne à réagir afin d’accéder la mise en œuvre de sa nouvelle réglementation sur la déforestation importée qui vise à exiger des entreprises qu’elles fassent la preuve du respect des normes pour certains produits tels que le cacao.
IDEF et FERN militent ensemble afin que l’UE et les consommateurs de chocolat exigent plus d’efforts de la part des industriels du cacao afin de se conformer à la protection des forêts, a la lutte contre le travail des enfants et à payer un prix plus rémunérateur et juste aux producteurs ivoiriens et africains de cacao qui sont les parents pauvres de la chaîne de valeur.
“ Le cacao est cultivé illégalement dans des zones protégées en Côte d’Ivoire, selon un rapport publié en février 2023 par l’ONG ivoirienne Initiatives pour le développement communautaire et la conservation de la forêt (IDEF). L’étude donne un aperçu des défis pratiques que les décideurs devraient prendre en compte dans la période intermédiaire avant l’entrée en vigueur du règlement de l’UE sur les produits sans déforestation (EUDR), et que les entreprises privées devront relever.”
Alors que le gouvernement ivoirien a mis en place la stratégie nationale de cacao durable ( SNCD) dont le rôle sera de promouvoir en concertation avec le conseil du café cacao ( CCC) les actions de durabilité, de certification et de traçabilité afin de se conformer à la directive européenne sur la protection de l’environnement, cette annonce de IDEF inquiète et sape les efforts du gouvernement et du CCC.
“ Les missions de surveillance indépendantes de l’IDEF dans le parc national du mont Peko ont révélé que le cacao cultivé illégalement dans le parc présente un risque élevé d’entrer dans les chaînes d’approvisionnement du grand négociant Cargill, un important fournisseur du marché de l’UE. Le système de traçabilité sans déforestation de Cargill est miné par le fait que les coopératives d’agriculteurs qui fournissent Cargill mélangent du cacao sans déforestation avec du cacao cultivé dans la zone protégée.“
L’autre source d’inquiétude concerne la nomination la semaine dernière de Jean Marie Delon comme coordonnateur de la SNCD alors qu’il était depuis 2014, le responsable du programme de durabilité, de certification et de traçabilité de Cargill et qui était donc informé de cette situation.
La Côte d’Ivoire doit prendre les mesures qui s’imposent afin de rendre son cacao conforme aux normes internationales, en demandant des comptes aux sociétés qui ne montrent pas d’ardeur à respecter les directives et les décisions sur la protection de la forêt et de l’environnement.
Le secteur cacao étant d’une importance capitale pour notre économie, le gouvernement ne devrait pas lésiner sur les mesures idoines pour se faire respecter et respecter ses engagements internationaux.