
Reporté au 25 Octobre suite à une décision des juges de permettre aux avocats de la défense, de bénéficier de plus de temps pour éplucher les 20.000 pièces du dossier, le procès de l’assassinat de l’ex chef d’état Burkinabè, le capitaine Thomas Sankara, promet des étincelles.
Au premier rang des accusés, son successeur et ex numéro 2 de Comité National de la Révolution (CNR), Blaise Compaoré, qu’une partie de l’opinion publique Burkinabè, tient pour principal responsable de l’assassinat du leader révolutionnaire ce fameux 15 Octobre 1987. Sans surprise, l’ancien chef d’état, aujourd’hui exilé en Côte d’Ivoire depuis sa chute, en fin Octobre 2014, devrait être absent du box.
Interrogé sur l’état d’esprit dans lequel le prédécesseur de Rock Marc Kaboré aborde ce procès, René Emile Kaboré, ancien ministre et proche de Blaise Compaoré, nous déclarait ceci dans un entretien ce Vendredi 15 Octobre : ‘’ Le président, comme un grand homme, il a parlé une fois, le 19 Octobre 1987. Il a dit ce qu’il pensait. C’est fini. Il ne dira pas autre chose. Il ne dira plus rien. Il a dit ce qu’il avait à dire. Les grands hommes ne passent pas le temps à se répéter’’.
Dans son discours du 19 Octobre, soit 4 jours après la mort de son ‘’ami et frère’’, Blaise Compaoré donnait ainsi sa version des faits dans un discours devant la Nation : ‘’ Nous étions convaincus, malgré l’obstination inqualifiable, de la solution par le débat démocratique. Au pire des cas, tous les camarades du Front estimaient que la solution douloureuse était de le démettre de ses fonctions ou qu’il démissionne de son propre chef. Naïvement. Car au moment même où nous nous activions à la solution pacifique et révolutionnaire, l’aile bureaucratique s’affairait à notre insu à un dénouement brutal, violent et sanglant. Ainsi, le 15 octobre, nous fûmes tous avisés de la tenue d’une réunion de concertation à 20 heures, au siège du Conseil national de la révolution dont le comité central ne s’était point réuni depuis plus de deux mois. Naïvement encore, nous allions nous rendre à cette réunion, toujours animés de la ferme volonté de faire triompher la vérité dans le débat contradictoire. Dans notre dos, traitreusement, des mesures scélérates étaient prises :
– mise en état d’alerte à mon insu de certaines unités de la 5e région militaire dont je suis pourtant le commandant. Cela s’est fait aussi dans l’ignorance totale du commandant en chef du haut commandement des Forces armées populaires :
– distribution massive d’armes à plusieurs éléments ;
– information de certains éléments de la garde présidentielle et de certains responsables de la sécurité de l’assaut final à 20 heures contre les « traîtres » tels qu’il nous présentait. Au cours de ladite réunion, nous devions être tous encerclés, arrêtés et fusillés.
Ce secret lourd, peu d’hommes peuvent le garder, surtout s’ils savent que cette bassesse était dirigée contre des compagnons d’armes. C’est pourquoi dès que cette information fut connue des soldats de la sécurité du Conseil de l’entente, la tension est montée entre les éléments de la garde présidentielle et ceux du Conseil. Cette tension n’a pu être apaisée lors de la réunion du jeudi 15 octobre au matin, réunion organisée par le responsable de la sécurité du Conseil.
Elle devait dégénérer dans l’après-midi lorsque les éléments de la sécurité du Conseil, opposés à l’exécution du complot de 20 heures, décidaient de prendre les devants. En effet, le Président du CNR et ses hommes n’avaient pas compté avec la vigilance du peuple, notamment certains éléments de la garde présidentielle elle-même et ceux affectés à la sécurité au siège du CNR. Informés à temps, les révolutionnaires sincères se sont insurgés, déjouant le bain de sang inutile’’.
Une version des faits qui selon le ministre Kaboré, n’a guère évoluée.
Raoul Mobio