La Cour d’appel de Rabat a auditionné à huis clos la fillette de 12 ans, victime de viol à plusieurs reprises par trois hommes à Tiflet à 11 ans au moment des faits. Ces derniers (âgés de 25, 32 et 37 ans) dont les condamnations en première instance à des peines jugées trop clémentes (de 18 mois à 2 ans) avaient provoqué un tollé général dans le Royaume, ont été également entendus par la Cour d’appel de Rabat.
La séance d’aujourd’hui, aura duré plus de six heures et elle a permis d’entendre l’enfant témoin présent lors du viol (parent de l’un des accusés) tout comme, la défense de la petite Sana. Les avocats et des organisations de défense des droits de l’homme qui plaident dans cette affaire n’ont pas caché leur colère devant le huis clos décidé par la Cour estimant en cela que l’affaire est devenue un « problème d’opinion et de notoriété publique ».
Dans ce contexte, Me Abdelfattah Zahrach, l’avocat de la victime, a dans une déclaration à Hespress, a indiqué que « le Procureur du Roi a présenté une demande de confidentialité de l’audience en matière d’audition de l’enfant, en considération de l’intérêt supérieur de l’enfant”.
Cependant, a-t-il déploré, cela n’aurait dû se faire que pendant la phase d’audition de la victime, tout en rendant public le reste des procédures. “Nous avons plutôt demandé que les médias soient autorisés à rendre compte du déroulement du procès dans cette affaire en raison de sa laideur et du côté odieux, tout en préservant la présomption d’innocence et les conditions d’un procès équitable. Me Zahrach a ajouté qu’ »une requête en réajustement a également été soumise dans le cadre du suivi avec une peine maximale de 20 ans en raison de la gravité des actes et de la sordidité du crime« .
De son côté, Me Abdelhak Halhouli, avocat des accusés, a déclaré : « Il faut attendre ce que dira la justice dans ce dossier, pas seulement en appel, mais même lors de la cassation (…). Nous espérons que la suite qui sera donnée à ce dossier soit logique et conforme à la réalité. L’avocat des mis en cause a défendu l’innocence de ses clients en déclarant : “Nous avons fait appel du verdict, étant donné que les accusés ont nié les charges retenues contre eux, que ce soit devant la police judiciaire, le juge d’instruction ou le tribunal de première instance (TPI)”.
Il ajoutera cependant “à l’exception d’un cas, qui est une forte présomption pour la personne qui a provoqué la grossesse, dans cette affaire il y a beaucoup à dire, que ce soit d’un point de vue juridique ou jurisprudentiel”. Me Halhouli a estimé “qu’il était prématuré de parler d’innocence ou de culpabilité avant qu’une décision définitive soit rendue. Tout commentaire avant est une obstruction spécifique et caractérisée du processus judiciaire et affecte l’indépendance du pouvoir judiciaire”.