AP- Quatre ans après une séquence télévisée qui avait choqué bon nombre de Français, Éric Zemmour a été reconnu coupable d’“injure à caractère raciste” contre Hapsatou Sy. Condamné à verser 4 000 € d’amende et 3 000 € de dommages et intérêts, il a fait appel de la décision.
La séquence avait tourné en boucle sur toutes les télévisions. En septembre 2018, sur le plateau de l’émission de Thierry Ardisson, Éric Zemmour avait alors estimé qu’Hapsatou Sy, alors chroniqueuse du programme, aurait dû s’appeler “Corinne”. Dans une séquence coupée au montage, mais dévoilée a posteriori, Hapsatou Sy rétorquait : “Ce que vous venez de dire est une insulte à la France.” Le polémiste d’extrême droite avait alors répondu : “Mademoiselle, c’est votre prénom qui est une insulte à la France.” Ce face-à-face qui avait beaucoup choqué a fait l’objet d’un procès contre Éric Zemmour pour “injure à caractère raciste”. Ce 12 janvier, rapporte Libération, le tribunal judiciaire de Paris l’a reconnu coupable et condamné à 4 000 € d’amende.
Une victoire contre le racisme
Le tribunal a estimé que les propos de l’ex-candidat à la présidence étaient “outrageants”. “Ils signifient que son prénom, élément de sa personnalité […] serait l’expression d’une marque d’irrespect, de mépris envers la France et porterait atteinte à sa dignité”, souligne la justice. Éric Zemmour, également condamné à verser 3 000 € de dommages et intérêts à l’ex-chroniqueuse de Canal +, a fait appel de la décision. Son avocat estime qu’elle “n’a pas de sens juridique”. L’histoire n’est donc pas complètement terminée puisqu’un autre procès devra avoir lieu pour réexaminer les faits.
Mais Hapsatou Sy n’a pas attendu pour se réjouir. Dans un tweet, elle s’est dite fière “d’avoir tenu bon pendant toutes ces années et d’avoir pu faire condamner Éric Zemmour pour injure à caractère raciste”. “Mon prénom est mon identité, mes origines sont ma force, et derrière moi, j’espère que beaucoup d’autres Français se sentiront libérés de savoir que nous devons être respectés dans ce que nous sommes”, écrit-elle. Son avocat, Antoine Vey, a également salué cette condamnation en première instance. “Derrière le combat que porte Hapsatou Sy, il y a probablement la reconnaissance de toute une tranche de la population française”, a-t-il souligné.
Quant à Éric Zemmour, il n’en a pas fini avec la justice. En plus de cet appel qu’il veut interjeter, il est censé comparaître dans huit dossiers au cours de l’année 2023. Tous concernent des propos qu’il a tenus. Fin décembre 2022, déjà, la justice le condamnait définitivement à une amende de 3 000 euros pour provocation à la haine religieuse.